• Les Spectres d'Hel-Brun (partie 7)

     « Malheureux ! Qu'avez-vous fait ? »
    « Nous sommes condamnés à présent ! »
       Lawrence se faisait assaillir de toutes parts par les habitants du village. Ils le blâmaient tous d'avoir provoqué les esprits. Il avait beau ouvrir la bouche pour s'expliquer, on le coupait immédiatement pour l'accabler. Même Melvil n'arrivait pas à placer le moindre mot, la foule des habitants encerclait tellement Lawrence qu'il se trouvait à une dizaine de mètres, bataillant pour le rejoindre au centre de la cohue.
    « Laissez-le ! Laissez-le, il cherchait à aider ! »
       Personne ne l'entendit, personne ne l'écouta. Au bout de quelques minutes, Lawrence, exaspéré, tenta de se frayer un chemin vers la sortie du village. Une fois qu'il l'eut passé, les villageois le laissèrent s'en aller sans chercher à le retenir. Le brouhaha s'était calmé, et une dernière phrase fusa dans son dos :
    « On accueille des étrangers et voilà comment on est remerciés ! »
       Le pantin voyait Melvil au loin, sa mère le tenait fermement contre elle, et l'empêchait de partir à sa suite.
       Lawrence ne partit pas bien loin. A vrai dire, il s'arrêta à une trentaine de mètres du village, près d'un gros arbre, et s'assit à son pied. Il chassa la colère et la déception des habitants de son esprit, et se concentra sur les événements dont il avait été témoin.
    « Pourquoi n'ont-ils pas bougé ? Pourquoi n'ont-ils pas prit les offrandes à leurs pieds avant de partir ? Pourquoi ne nous ont-ils pas tués, puisque nous n'obéissions pas ? Ils nous ont attaqué quand ils nous ont vu, puis une autre fois quand j'ai essayé de les approcher. Pourquoi ? »
    « Peut-être ne sont-ils pas si méchants ? » Melvil n'était qu'à quelques pas, il arrivait tranquillement dans sa direction. De toute évidence il avait réussi à s'extirper de la surveillance de sa mère, et il était venu le rejoindre dès que possible.
    « Non, je ne pense pas que ce soit ça », répondit Lawrence avec un large sourire, ravi de voir son jeune ami humain arriver avec les yeux remplis de malice. « Des esprits qui pillent toutes les réserves et provisions d'un village entier ne font pas preuve de pitié. »
    « Pourtant ils auraient pu nous faire exploser sur place. Je pense pas qu'ils visaient les vaches. »
       Lawrence ne répondit pas à cette dernière affirmation. Tout cela le laissait perplexe. Lui et Melvil convinrent qu'ils se rejoindraient la nuit suivante et retourneraient voir les trois spectres. Ils se séparèrent, Melvil retournant au village, et Lawrence vers la forêt pour y passer la nuit.
       Puisqu'il avait du temps il se rendrait à la cabane où il avait rencontré le jeune homme, plus tôt dans la journée. La balade l'aiderait à réfléchir, et ça lui éviterait de rester au pied de son arbre à tourner en rond toute la journée.

     

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