• Les Spectres d'Hel-Brun (partie 4)

    Il se promena dans le petit village, allant d'une maison à l'autre en regardant à l'intérieur avec curiosité. La faible lueur des bougies laissait parfois entrevoir des décorations murales, ou un bout de cuisine, ou encore une chambre avec son lit de paille et ses armoires de bois. Puis il alla caresser les vaches et les moutons, pour la plupart paisiblement endormis dans les enclos, tous serrés les uns aux autres sous la douce lumière de la lune.
    Lawrence était en train de jouer avec le chien du village quand Melvil vint le rejoindre. L'imposant Border Collie remuait énergiquement de la queue, les yeux rivés sur la main du pantin, une envie dévorante de mordre dans le bâton.
    « Pourquoi t'as rien mangé au dîner ? » s'enquit le petit garçon.
    « Pardon, je ne voulais pas être impoli... Je ne suis pas humain. Je ne mange pas. Et je ne bois pas, je ne dors pas... En vérité je n’ai même pas besoin de respirer, je le fais par mimétisme. »
    « Alors tu es vraiment une marionnette ? Tu es vraiment fait de bois et de tissu ? »
    Lawrence pour toute réponse lui adressa un large sourire plein de malice. Il ramassa le bâton dans la gueule du chien et s’amusa à le faire tourner entre ses mains, tout en songeant. Puis se figea complètement.
    « Quelque chose me chiffonne. » dit-il.
    Il se tourna, et planta ses yeux dans ceux du garçon.
    « Quand je t’ai rencontré, tu cueillais des champignons et des racines pour la soupe. Pourtant j’ai vu votre village, vous avez des plantations, des animaux, et vous auriez largement de quoi tous vous nourrir avec vos récoltes. Alors pourquoi vous contentez-vous de soupe de racines ? »
    Le petit homme baissa les yeux et fit mine d’observer le chien qui attendait impatiemment son bout de bois.
    « On doit garder les récoltes pour les Spectres… »
    « Les Spectres ? »
    Melvil essaya de caresser le chien pour détourner la conversation. Mais celui-ci, bien trop absorbé par le bâton, ne lui porta aucune attention.
    « On pense que ce sont d'anciens habitants de la région, des esprits qui ont été tués brutalement par l'apocalypse. Ils ne nous rendent visite que la nuit. Ils nous demandent des offrandes de nourriture et d’or. Et si on ne leur obéit pas, notre maison se retrouve brûlée au petit matin. »
    « Intéressant… » Réfléchit Lawrence à voix haute.
    Il envoya la balle de toutes ses forces, amusé par le jeune chien qui aboya de joie en courant après le projectile, ne regardant que vaguement vers où il courrait et manquant à plusieurs reprises de s’écraser sur les murs des maisons.
    « Je n’ai jamais vu de spectres auparavant, ça risque d’être… Intéressant ! »
     

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